Festival Off 2024 – Velouté – Atypik Théâtre– 14h40
Comédie aigre-douce sur les violences symboliques qu’un recruteur peut imposer à un demandeur d’emploi aux abois, « Velouté » est un petit bijou de cynisme et d’absurdité. La lecture qu’en fait Sylvie Laguna y ajoute une dimension surréaliste. Validée par Haïm (l’auteur). Mais à laquelle on n’adhère pas forcément.
Une scène de la vie quotidienne. Un entretien d’embauche comme il s’en passe tant. Ou presque. Car si le candidat affiche son lot de stress et d’espoirs à l’idée d’obtenir enfin le sésame vers l’emploi, son recruteur décale l’exercice. Pantalon trop court sur des chaussettes rouges et des chaussures vernies, il joue de la tapette à mouche et des banderilles comme un torero de pacotille.
Un face à face un brin ubuesque, à trois personnages dont on ne saura vraiment jamais qui manipule l’autre. Et dans lequel se dessinent, avec un humour absurde, les ressorts de la manipulation et de la perversité humaine. Les comédiens font vibrer les tensions qui les habitent avec ce qu’il faut de décalage pour souligner le saugrenu de la pièce. Les relations asymétriques de pouvoir apparaissent avec une belle acuité.
Reste que les choix de scénographie peuvent sembler déroutants. Voire superfétatoires. Certes l’analogie d’un recruteur qui joue à lancer des défis et des piques à un candidat comme un toréro planterait des banderilles dans le dos d’un taureau peut être pertinente. Mais la chasse à la mouche, les scènes toréées, la symbolique obscure de la plante fanée qui revient à la vie n’apportent pas forcément grand-chose à l’absurde et l’humour du texte. Et même salués par l’auteur lors d’une représentation parisienne, ces choix donnent une distance supplémentaire à la pièce sans que l’on en voie forcément l’intérêt.
Karine PROST
Avignon, 21 juillet 2024
Photo © DR
Avec : Florian Blache, Shirley Coquaire et Aurélien Oosterlinck
Mise en scène : Silvie Laguna
Texte : Victor Haïm
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